Déjà, à l’occasion de la sortie en 1958 du film « Les aventures d’Arsène Lupin » de Jacques Becker, l’hebdomadaire Carrefour titrait « Arsène Lupin n’a pas pris une ride ». Un peu plus de soixante ans plus tard, alors que Netflix propose une nouvelle adaptation du héros de Maurice Leblanc, l’affirmation semble toujours aussi vraie.
Arsène lupin est né en 1905, à Paris. Il ne s’appelait pas encore Lupin, mais Lopin, et le récit que Maurice Leblanc avait remis à son éditeur, Pierre Laffite, s’intitulait « L’arrestation d’Arsène Lopin ». Pierre Laffite venait de créer une nouvelle revue, « Je sais tout », et recherchait un auteur pour écrire un feuilleton populaire. « Je vous passe une commande pour dix autres histoires du genre de celle-ci. Votre … Lopin, c’est une découverte, Leblanc. Il ne faut pas le laisser échapper, votre lascar. Faites-moi donc dix autres histoires (vingt pages, pas plus). » La première aventure du gentleman cambrioleur paraissait dans le numéro daté de juillet 1905.
Peu de temps après cette parution, Maurice Leblanc qui se trouvait dans les locaux du journal reçut « un papier bleu d’huissier accompagné d’une lettre qu’il décacheta. Il alla à la signature et lut : Arsène Lopin. Le véritable Lopin existait. En corrigeant les épreuves de son second récit. Leblanc se résigna à modifier – succinctement – le nom de son personnage. Arsène Lopin était devenu Lupin ».
Leblanc fut une nouvelle fois amené à corriger – à la marge – l’orthographe du nom d’un de ses personnages. En 1906 « Je sais tout » annonce la neuvième histoire d’Arsène Lupin qui fait intervenir Sherlock Holmes, dont les aventures sont publiées en France depuis 1902. Cependant, « Conan Doyle protesta. Une fois de plus, Leblanc fut amené à transiger ; son sens de l’humour l’y aida. Le père d’Arsène Lupin intitula son récit : Herlock Sholmes arrive trop tard ».
Trois ans après sa naissance, le héros de Maurice Leblanc fait ses débuts au théâtre, avec le comédien André Brûlé dans le rôle-titre, qui « en cape de satin, haut-de-forme et monocle, va donner au gentleman-cambrioleur son aspect définitif. » La pièce est jouée à l’Athénée, c’est un succès, Arsène Lupin devient la « coqueluche du Tout-Paris, et les femmes du monde en sont billes.
– Leblanc, avouez-nous qu’il existe, votre Arsène Lupin. Présentez-nous le…
– Mais il est ici, mesdames ! Parmi vous ! Cherchez-le.
– A quoi le reconnait-on, dites. M. Leblanc ?
Alors, Leblanc, le geste net :
– A ce qu’il ne se laisse pas reconnaître.
L’écrivain ajoute même :
– Ah ! c’est un diable d’homme… »
Le journaliste s’interroge : « De la première à la deux-centième aventure d’Arsène Lupin, l’attrait de tant de péripéties demeure égal, inchangé, permanent. Ce phénomène doit pouvoir trouver son explication dans la personnalité, l’originalité du héros et dans son alchimie secrète, dans l’art supérieur, invisible, mais efficace d’un romancier dont pas une ligne, ni un mot, n’ont vieilli en cinquante ans. […] Tout le personnage est là, en effet, sa force, son énergie, son adresse diabolique, son impétuosité, sa désinvolture infernale son épate et sa morgue ébouriffant, ses fanfaronnades minutieusement méditées, dans ce composé bizarre d’intelligence et de perversion, d’immoralité et de générosité. […] Après un demi-siècle, Arsène Lupin vient de trouver une seconde jeunesse. […] Il court encore. Et des milliers de lecteurs derrière lui. »
« Le coup de génie de Leblanc a été de choisir, de concevoir et d'animer au-delà des frontières de la fiction un héros criminel auquel la sympathie puisse être méritée sans réserve. »
Carrefour, Septembre 1958 Tweet
Carrefour, hebdomadaire fondé en 1944, publié jusqu’en 1986.
Je sais tout, mensuel publié de 1905 à 1914.
Source : Retronews, le site de presse de la BnF.
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